Black Friday : la perspective d’une solopreneure

⌚️Temps de lecture : 9 minutes

Bienvenue en novembre!

Le mois où le monde entier semble oublier que la vraie valeur des choses ne se mesure pas en pourcentage de réduction.

Ces semaines où chaque notification vous hurle que TOUT EST URGENT, que TOUT EST EXCEPTIONNEL, que vous allez TOUT RATER si vous n’achetez pas MAINTENANT ?

Si vous lisez ces mots c’est surement que, comme moi, vous tendez vers une consommation plus réfléchie depuis plusieurs mois, voir plusieurs années. Je trie, je désencombre, je choisis avec soin. J’ai appris à me poser les bonnes questions avant chaque achat.

Et puis arrive le Black Friday. Cette période où même les plus minimalistes d’entre nous peuvent se sentir vaciller. Parce que -70%, quand même, ça fait réfléchir, non ?

Sauf que voilà : en tant qu’entrepreneure engagée dans une démarche de slowliving, je me retrouve face à un paradoxe:

Comment puis-je prôner une consommation consciente dans ma vie personnelle… et céder à la frénésie du marketing promotionnel dans mon business ?

Dans cet article, je vais vous raconter pourquoi et comment j’ai aligné mes pratiques entrepreneuriales avec mes valeurs personnelles. Et peut-être que ça vous donnera quelques pistes pour réfléchir à votre propre rapport à la consommation – que vous soyez du côté client ou entrepreneur.

Cet article n’est ni une critique de ceux qui participent au Black Friday, ni un manifeste anti-commerce, encore moins une leçon de morale sur la consommation. C’est simplement le partage d’une réflexion personnelle sur l’alignement entre nos valeurs individuelles et nos pratiques professionnelles. Et peut-être, une invitation à réfléchir à votre propre positionnement dans ce tourbillon commercial.

Le Black Friday, ou quand la surconsommation devient la norme

blue and brown tote bag black friday

Vous vous souvenez de l’époque où le Black Friday n’existait pas en France ?

C’était il n’y a pas si longtemps. Et on vivait très bien.

On achetait ce dont on avait besoin, quand on en avait besoin. Les soldes avaient lieu deux fois par an, et c’était un événement. Aujourd’hui, les promotions sont devenues notre quotidien, au point qu’un prix « normal » semble presque suspect.

Cette américanisation de notre rapport à la consommation s’est installée insidieusement. D’abord une journée, puis un week-end, maintenant un mois entier où l’on nous fait croire que ne pas acheter est une occasion manquée. Le Black Friday s’est transformé en une période où l’acte d’achat devient presque une obligation morale. Ne pas participer, c’est « rater quelque chose ».

Le cercle vicieux de l’urgence artificielle

Les notifications s’enchaînent sur nos téléphones : « Plus que 2 heures ! », « Dernière chance ! », « Ne ratez pas l’offre du siècle ! ». Ces alertes incessantes créent une urgence artificielle qui court-circuite notre capacité à réfléchir posément. Notre cerveau, bombardé de ces messages d’urgence, bascule en mode survie. L’instinct prend le dessus sur la raison.

Cette urgence fabriquée de toutes pièces nous pousse à prendre des décisions rapides, souvent regrettées plus tard. Nous achetons sous la pression, persuadés que cette « offre exceptionnelle » ne se reproduira jamais – alors même que nous savons, au fond, qu’une autre promo suivra bientôt.

black friday

La dévaluation de la valeur

Le plus inquiétant dans cette course effrénée aux promotions, c’est la dévaluation progressive de la valeur réelle des choses. Quand tout est constamment en promotion, comment définir le juste prix ? Comment valoriser le travail, la qualité, l’expertise ?

Pour les indépendants et les petites structures, cette situation crée un dilemme particulièrement pernicieux. Nous savons pertinemment que notre travail a une valeur, que nos services sont correctement tarifés. Pourtant, la pression du marché nous pousse à nous aligner sur des pratiques pensées pour les géants du retail, qui fonctionnent avec des marges et des volumes totalement différents des nôtres.

L’impact sur notre relation au temps

Cette frénésie promotionnelle modifie également notre rapport au temps. Tout devient urgent, immédiat, limité. Cette accélération constante s’oppose frontalement aux principes du slow business et de la consommation réfléchie. Comment prendre le temps de construire une relation durable avec nos clients quand tout nous pousse à l’instantanéité ?

Les conséquences se font sentir des deux côtés : les entrepreneurs s’épuisent à suivre le rythme effréné des « temps forts » commerciaux, pendant que les consommateurs développent une forme d’anxiété face à la peur de « rater une occasion ».

white and black analog desk clock

Le coût caché de la surconsommation

Au-delà de l’aspect purement commercial, cette période cristallise tous les paradoxes de notre société de consommation :

  • Nous parlons d’urgence climatique tout en encourageant la surconsommation.
  • Nous prônons le minimalisme sur Instagram tout en cédant aux sirènes des promotions.
  • Nous recherchons du sens dans notre travail tout en reproduisant des schémas marketing qui nous mettent mal à l’aise.

Le Black Friday, ou l’art de perdre la tête (et sa marge)

On nous la raconte souvent, cette belle histoire du Black Friday. Cette tradition américaine post-Thanksgiving, symbole de générosité commerciale, où les enseignes remercient leurs clients avec des prix cassés. Touchant, non ?

Sauf que la réalité est un peu moins glamour.

Le terme « Black Friday » vient en fait de la pagaille monstrueuse que cet événement créait à Philadelphie, avec des rues noires de monde et des incidents à la pelle. Beaucoup moins charmant tout de suite.

black friday

La mutation monstrueuse

Ce qui était originellement UN vendredi (le dernier vendredi du mois de novembre) est devenu :

  • Le Black Week-end
  • La Black Week
  • Le Black Month
  • Le Pre-Black Friday
  • Le Post-Black Friday
  • Le Cyber Monday (parce que pourquoi s’arrêter en si bon chemin?)

C’est comme si le calendrier marketing était devenu un trou noir qui aspire notre bon sens. Et le plus dingue ? Ça marche. Les gens achètent. Beaucoup. Beaucoup trop! Souvent n’importe quoi. Parfois ce dont ils n’ont absolument pas besoin.

Pourquoi le Black Friday ne fait pas sens pour les petits business et les indépendants?

Pour répondre à cette question, sortons notre calculette, voulez-vous ?

Quand Amazon fait du -40% :

  • Leur marge initiale : souvent 300-400%
  • Leur volume de ventes : stratosphérique
  • Leur capacité à négocier avec les fournisseurs : écrasante

Quand un indépendant fait du -40% :

  • Sa marge initiale : souvent 30-50%
  • Son volume de ventes : limité (on n’a que 24h par jour)
  • Sa capacité à négocier : proche du néant

Résultat ? Amazon reste rentable. Nous, on mange des pâtes.

three pasta

Le vrai problème? Ce système a été pensé par et pour les géants du retail. Même s’il s’est imposé comme une norme pour tous les business, il ne fait pas sens pour tous les business models.

L’envers du décor du Black Friday pour les indépendants

Ce qu’on ne vous dit pas sur la préparation du Black Friday en tant qu’indépendant :

  • C’est 2 à 3 semaines de préparation marketing
  • Des nuits à peaufiner sa stratégie
  • Du stress à gérer les commandes/demandes
  • Une logistique souvent bancale
  • Des clients qui attendent TOUT en promo après ça

Et le pire?

Les études montrent que 70% des clients attirés par les promos ne reviennent jamais au prix normal.

Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Le paradoxe de l’entrepreneur.e conscient.e

En tant qu’entrepreneure engagée dans une démarche slow, je me retrouve face à un dilemme.

D’un côté, ma vie personnelle s’oriente vers la déconsommation et la simplicité volontaire. De l’autre, le monde professionnel me pousse à créer de l’urgence artificielle, à stimuler la consommation, à jouer le jeu du toujours plus.

Ce grand écart mental devient particulièrement évident pendant la période du Black Friday. C’est comme avoir deux personnalités qui se battent en duel : celle qui trie consciencieusement ses placards selon la méthode KonMari, et celle qui devrait théoriquement créer des « offres irrésistibles » pour suivre le mouvement commercial.

La pression est réelle

Les experts marketing ne cessent de nous le répéter : le Black Friday représenterait jusqu’à 30% du chiffre d’affaires annuel. Ils insistent sur l’opportunité immanquable, sur la nécessité de suivre le mouvement pour rester compétitif. « Tous tes concurrents vont le faire », nous dit-on, « c’est le moment de l’année où les gens sont prêts à acheter ».

Pourtant, j’ai choisi la cohérence. Cette année encore, je ne participerai pas au Black Friday. Non pas par militantisme anti-commerce – je gagne ma vie en vendant mes services, soyons honnêtes. Mais parce que certaines valeurs méritent qu’on les défende, même – et surtout – quand ça coûte.

Alors, on fait quoi ? Des alternatives au Black Friday qui ont du sens

Vous savez ce qui est vraiment libérateur ?

C’est de réaliser qu’on n’est pas obligé de suivre le mouvement. Que dire « non » au Black Friday ne signifie pas la mort de notre business. Au contraire, ça peut même devenir une force.

Repenser notre offre autrement

L’autre jour, une cliente me demandait pourquoi je ne faisais pas de promotions en novembre. Je lui ai simplement répondu : « Parce que mes tarifs sont justes toute l’année. » Elle est restée silencieuse un moment, puis m’a dit : « En fait, c’est logique. »

Et c’est là toute la beauté de la chose. Quand on arrête de jouer le jeu des promos, on peut enfin avoir des conversations honnêtes sur la vraie valeur de notre travail. Plus besoin de gonfler nos prix le reste de l’année pour pouvoir les baisser en novembre.

white and blue love neon light signage

Des idées concrètes pour novembre

Au lieu de céder à la pression des remises, commençons par faire les choses différemment. Par exemple, organiser des ateliers découverte. Pas des webinaires « tunnel de vente », non. De vrais moments d’échange où l’on prend le temps de se connaître, de partager, d’apprendre ensemble.

On peut proposer aussi des expériences exclusives à nos clients fidèles. Pas parce que c’est Black Friday, mais parce que l’on aime récompenser la fidélité. Ça peut être un appel découverte gratuit, un audit personnalisé, ou même simplement un café et une conversation enrichissante.

La transparence, notre meilleure alliée

Vous savez ce qui marche étonnamment bien ? Dire la vérité. Tout simplement. J’ai commencé à expliquer ouvertement à mes clients pourquoi je ne fais pas de Black Friday. Sans jugement, sans grand discours militant. Juste avec honnêteté.

Mon message est simple : « Je préfère vous proposer des services de qualité à leur juste prix toute l’année plutôt que de jouer au yoyo avec mes tarifs. »

Construire sur le long terme

La vraie magie opère quand on arrête de penser en termes de « pics de vente » et qu’on commence à construire des relations durables. Mes meilleurs clients ne sont pas ceux qui cherchent la promo à tout prix. Ce sont ceux qui partagent mes valeurs et comprennent ma démarche.

C’est comme dans une relation amoureuse : si vous devez constamment faire des soldes pour garder l’autre intéressé, c’est peut-être qu’il n’y a pas de véritable connexion.

Et concrètement, ça donne quoi ?

Au lieu des traditionnelles promos, voici ce que je propose (et ce que mes clients apprécient vraiment) :

  • Des rencontres individuelles où l’on prend vraiment le temps
  • Des collaborations sincères avec d’autres indépendants qui partagent mes valeurs
  • Des contenus utiles et gratuits, sans obligation d’achat
  • Une disponibilité réelle pour répondre aux questions et accompagner

Le plus surprenant ? Mon chiffre d’affaires n’en souffre pas. Au contraire. La cohérence attire les bons clients, ceux avec qui on a envie de travailler sur le long terme.

Osons faire autrement

orange and white egg on stainless steel rack

Vous savez ce que j’aime le plus dans le fait d’être indépendante ?

C’est la liberté de choisir.

De choisir mes clients, mes projets, mais aussi mes valeurs et la façon dont je veux les vivre au quotidien.

Le Black Friday n’est qu’un symbole parmi d’autres de ces moments où nous devons décider : suivons-nous le mouvement par défaut, ou osons-nous faire les choses différemment ?

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Chacun compose avec ses réalités, ses contraintes, son contexte. Mais peut-être que la vraie question n’est pas « Dois-je participer au Black Friday ? » mais plutôt « Quel.le entrepreneur.e est-ce que je veux être ? »

La consommation raisonnée n’est pas une contrainte, c’est une opportunité :

  • L’opportunité de créer des relations plus authentiques avec nos clients.
  • L’opportunité de travailler d’une manière qui nous ressemble vraiment.
  • L’opportunité de construire un business qui a du sens, pour nous comme pour les autres.

Alors non, je ne ferai pas de Black Friday cette année.

Ni l’année prochaine d’ailleurs.

Non pas pour me distinguer ou pour juger ceux qui le font. Simplement parce que j’ai choisi d’entreprendre et de consommer autrement.

Et vous savez quoi ? C’est parfaitement OK.

L’entrepreneuriat conscient, ce n’est pas un nouveau label marketing. C’est juste une façon plus humaine, plus durable et finalement plus satisfaisante de faire du business.

Et ça, ça vaut bien plus que toutes les promos du monde.

Qu’allez vous faire différement ce black friday? Et dans votre business ?

Comment vivez-vous ce rapport entre vos valeurs personnelles et vos pratiques professionnelles ?

👇 Rendez-vous dans les commentaires pour converser sur le sujet.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir sur le sujet de la surconsommation, je vous recommande les ressources suivantes :

D’ici là, prenez soin de vous.

Inspiré par cet article ? Partage le autour de toi

4 thoughts on “Black Friday : la perspective d’une solopreneure

  1. Tout est tellement vrais.. en 6 ans avec mon entreprise, je n’ai jamais participé à cette mascarade qui est en complet décalage avec la réalité d’une consommation consciente et raisonnée (je vend des produits d’artisanat français) tu as tout dit. J’ai appris plein de choses merci pour cet article que je partagerais volontiers.
    En passant, la photos des pâtes fraîches m’a donné envie de simplicité pour ce soir haha

  2. Merci pour cet article inspirant ! J’adore l’idée de rester fidèle à ses valeurs même pendant le Black Friday. Une belle réflexion sur la consommation et l’entrepreneuriat conscient !